À quatre jours de l’expiration des CIN

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Le délai de 120 jours de validité des Cartes d’identification nationale arrive à expiration. Le 16 octobre, selon les prescrits du Décret portant sur le Numéro d’identification nationale unique (NINU) et la Carte d’identification nationale unique (CINU), la CINU sera la seule carte valide pour l’identification des Haïtiens. À quatre jours de cette date butoir, joint par la Rédaction, Wandy Charles, directeur de communication de l’ONI, fait un état des lieux.

L’enregistrement et l’identification des personnes sur l’étendue de son territoire doivent permettre à l’État, entre autres, de planifier ses interventions et garantir à tous la jouissance des droits fondamentaux, dont le droit à l’identité. Pour « garantir le caractère universel et sécuritaire du droit à l’identité et servir de plaque tournante dans la construction d’un État de droit en Haïti », les autorités ont créé l’Office national de l’identification (ONI). Ce dernier, dans le sillage de l’Office national d’identification des personnes physiques institué par le décret du 21 septembre 1987, permet à l’État de répondre de l’obligation d’identifier toute personne physique en Haïti. Comme document permettant l’identification des Haïtiennes et des Haïtiens, le Décret du 16 juin 2020, en son article 1er, a institué la Carte d’identification nationale unique. 120 jours après la publication du décret en question, le 16 octobre 2020, la CINU sera laseule carte d’identification valide en Haïti.

Initialement, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) avait fixé l’échéance de la validité des Cartes d’identification nationale (CIN) au 31 décembre 2019. Cependant, fort du constat qu’un nombre important de citoyennes et de citoyens n’ont pas eu la possibilité d’obtenir la nouvelle carte, le MJSP avaitdécidé, d’accorder un nouveau délai, le 31 mars 2020. La publication du décret du 16 juin 2020, dans le contexte de la crise sanitaire causée par le nouveau coronavirus, a lui aussi, fixé un nouveau sursis. Quatre jours avant son échéance, Le National s’est enquis de l’état d’avancement du processus d’enregistrement et de livraison des cartes.

La CINU est de bonne qualité, le directeur de communication de l’ONI n’a pas manqué d’insister sur ce fait. « C’est une carte extrêmement sécurisée avec une puce électronique intégrée. Elle est fabriquée avec un produit durable, le polycarbonate qui a une durée de vie d’environ 10 ans. La carte prend en compte des données biométriques (empreinte digitale, iris, une photo permettant une reconnaissance faciale…) et les informations sont gravées » a précisé Monsieur Wandy Charles. Vu que le 16 octobre 2020 sera la troisième échéance fixée, l’ONI avait pris des dispositions pour augmenter sa capacité d’accueil et de production. « Nous avons renforcé nos bureaux d’abord à Port-au-Prince ensuite dans les grandes villes. Nous avons ouvert d’autres bureaux. Depuis environ six mois, nous avons mis le cap sur les sections communales. Des agents/opérateurs se rendent dans les sections communales dans des véhicules roulants. Dans les péristyles, les églises, les bureaux d’ASEC, les bureaux de CASEC, les gaguères, la résidence d’un notable et les places publiques ; ils permettent aux personnes des environs de s’enregistrer et ils reviennent livrer les cartes » a indiqué le professionnel de l’information.

L’ONI a une présence dans les dix départements géographiques du pays. Il a au moins un bureau dans quasiment toutes les communes d’Haïti. Des communes comme Gonaïves, Carrefour et Pétion-ville en ont plusieurs. Avec une capacité de production journalière de plus de cinquante mille cartes, l’ONI s’est donné les moyens pour remplir sa mission. Pourtant, son bilan semble assez maigre vu que d’après les estimations publiées en mars 2015 par la Direction des statistiques démographiques et sociales (DSDS) de l’Institut haïtien de statistiques et d’Informatique (IHSI), plus de six millions de personnes étaient âgées de 18 ans et plus en Haïti.

« Jusqu’à date l’ONI a déjà fabriqué environ trois millions de cartes et nous en avons livré deux millions », a révélé Monsieur Charles. « On aurait pu produire plus de cartes. Malheureusement à chaque moment il y a des problèmes dans le pays qui ralentissent l’enregistrement, la production et même la livraison des cartes » a-t-il poursuivi. Les épisodes de « peyi lock », les crises sociopolitiques, la pandémie du nouveau coronavirus et l’incendie de plusieurs bureaux, dont un a été mis en feu à deux reprises, ont été pointés du doigt par le journaliste qui a précisé qu’après le 16 octobre 2020, l’ONI continuera à produire des cartes. Lançant un appel aux citoyens qui ne sont pas encore passés recevoir leurs cartes, il a avisé la population de l’existence de l’unité de traitement des doléances de l’Office national d’identification (ONI) qui peut être contactée aux numéros : (509) 2916-0122, 2816-0122, 2915-0122, 2912-0122 et 2913-0122.

À quatre jours de la fin du délai, moins de la moitié de la population concernée dispose d’une CINU. Elle est pourtant exigible de tout Haïtien majeur pour : occuper un poste dans la fonction publique; occuper un emploi salarié ; réclamer tout document de l’administration publique centrale ou décentralisée ; obtenir un passeport, un permis de conduire, un permis de port d’arme, passer des actes civils, agir en justice, etc. Bref, ceux qui n’ont pas de CINU ne pourront pas jouir leurs droits civils et politiques.

Stevens Jean-François